mercredi 31 août 2011

Namasté, incroyable Inde !

Londres-Paris, 45 minutes de vols, 30minutes de retard, 10 minutes de roulage, 10 minutes de holding. Je viens de dépasser le temps de vol, assis au fond de mon siège.
La voix crachotante, presque inaudible, mais rassurante du pilote calme les nerfs des passagers agacés. Londres est dans le vent, les atterrissages réduits. Les raisons évoquées prennent des allures du déjà vu pour un habitué de ce Shuttle. Imprévisible est le bon qualificatif pour cette destination. Tout peut bien se dérouler ou bien le contraire. Pour des passagers n'ayant pas l'habitude de ces divers scénarios, une connexion courte peut tourner au cauchemar. Alors, le banc dur de l'aéroport de London- Heathrow la première nuit des vacances. Une collation jetée à la hâte, un petit sachet de crackers.
Décidément, nous sommes bien loin du service aviation d'antan. De nos jours, on s'assied, on se tait. On semble nous dire que le seul devoir envers nous c'est de nous amener d'un point A à un point B peu importe les moyens. Même pas des hôtesses sortant tout droit d'un catalogue des 3suisses ou de Vogue magazine pour nous consoler. Une atmosphère de serveuses de fastfood règne au-dessus des nuages. Le petit avion de l'écran fait des tours au dessus des terres d'Elysabeth II, je suis dans la tour infernale du holding, caractéristique de Londres. L'outil ajoute du stress aux passagers avec une connexion courte. Atterrissage sans problème, sans la moindre secousse. Je me demande où est passé le vent.
Un capucino, une pomme, embarquement quelques heures plus tard direction Bombay ou Mumbai. Les indiens ont rebaptisé les noms des villes, comme elles étaient avant la colonisation britannique.
8h05 de vol. Je pose les pieds en Inde, il est midi. Pas besoin d'avoir un odorat développé pour savoir qu'on y est. La première bouffée d'air vous frappe comme une claque au visage. Odeur indescriptible, mais propre à Bombay, voire toute l'Inde. Je suis frappé par l'état des lieux. C'est moins chaotique qu'il y a quelques années. Ça fonctionne, on perd moins de temps, mais l'administration indienne est toujours aussi lourde. Ils ont du mal à se défaire des mauvaises habitudes de l'Empire britannique. On signe par ici, on signe par là. Des montagnes de dossiers derrière des officiers de douane en costume blanc éclatant. Dehors, on tient à l'écart les curieux. Un homme fait des signes, des grands mouvements de bras. Est-ce pour moi ? J'en doute fort. Surement de la famille revenant au pays après avoir échappé à la misère il y a quelques années ici. Des échafaudages, des hommes en casques de chantier, des sacs de ciment, la poussière bat son train, la ferraille est partout, des Gru en mouvement. Je me retrouve en fin au milieu d'une circulation monstre et chaotique ou pousse-pousse avec des occupants respirant le carbone et de la poussière côtoient des Mercedes climatisées.
Tout ce chahut bahut m'indique que je suis bien dans un pays émergeant et sur le point de commettre toutes les erreurs de l'occident. Le béton fait rage des bâtiments, des ponts, des maisons sortent de terre comme des champignons sans vraiment de cohérence architecturale. Une volonté de rattraper l'Europe ou l'Amérique. Pourtant ici, on peut naitre et mourir sans que l'on sache son existence. Le bus qui me ramène à l'hôtel porte des rideaux roses. On cherche à cacher la misère au-dehors. Je jette un coup d'œil à travers les rideaux. Une femme en haillon, des enfants sans chaussures. Des hommes et des femmes marchant sous un soleil accablant.
Il fait 31 degrés dehors. J'arrive à l'hôtel on scanne mes valises. On cherche à rassurer. Mais, la rapidité à laquelle elles sont passées au scanner me laisse suspect de l'efficacité de la sécurité. La richesse du hall d'hôtel contraste avec la pauvreté en dehors. Une impression de pénétrer dans un monde à part comme dans Alice aux pays des merveilles. Tapis, lustres gigantesques, coussins en soie, fauteuils et canapés haut de gamme. On roule sur l'or ici. Dehors on roule dans la poussière. Clé en main. Bang ! Je tombe dans mon lit. Petite erreur de ma part. Quand je me réveille, le soleil est déjà bas. Mais dans ce genre de pays où la chaleur atteint son pic à midi. Les nuits prennent des allures de journée. La demi heure de décalage un casse-tête pour le touriste. Je me souviens alors de l'astuce que m'avait confiée une amie. Retournez sa montre à l'envers et on tombe à l'heure indienne, puis se basant sur heure d'hivers, heure d'été, on évite la gymnastique et c'est plutôt marrant.
19h. Le buffet déborde de mets en tout genre et de tout nom, tous les uns comme les autres difficiles à retenir. En quantité et à profusion presque un sacrilège , voire un écœurement en pensant à la femme et son enfant à demi nu sous le bras que j'ai vu ce matin en arrivant. Un indien ne quitte pas son portable, son repas végétarien attendra. Un sikh discute avec un chinois je me demande quel genre d'affaires ils ont conclues. Des Européens bruyants rigolent à gorge déployée. Des familles indiennes s'empiffrent. Des serveurs tournent autour des clients comme des libellules. Des hommes d'affaires discutent surement de la bonne opportunité ratée. Le snobisme est à son paroxysme. Dans les salles de restaurant de ces grands palaces se noue le sort des plus faibles. Dehors, les gens dorment dans la rue. Au pays de la vache sacrée, il n'y a pas de juste milieu : On est soit Riche ou on est soit pauvre.(Dominique Lancastre)

(Publié le 04 février 2011 Copyright@dominique.lancastre)

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